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Entre architecture et paysagisme, une nouvelle façon de concevoir l’espace public

Publié le : 29 novembre 2022

« En architecture, nous avons l’habitude de travailler sur les pleins quand les architectes paysagistes s’intéressent plutôt aux vides. En associant nos deux expertises, nous sommes capables de travailler un tout. A la fois les pleins et les vides » explique Frank Fauvet, architecte, à propos de sa collaboration avec Ozévert, cabinet d’urbanisme paysagisme.

De cette complémentarité naissent des projets en phase avec l’époque, répondant parfaitement aux enjeux éco-responsables et environnementaux auxquels les villes sont de plus en plus confrontées ;  Que ce soit en matière d’usage, de choix des végétaux, de mobilier urbain ou d’éclairage.

Entretien avec un architecte engagé : Franck Fauvet, associé de l’Agence ALU Architectes.

 

METTRE L’USAGER AU COEUR DU PROJET

La première étape, essentielle, est de définir les usages. Ils sont rassemblés dans le plan de programmation qui nous sert de document fondateur pour le projet.

La définition des usages se base sur un diagnostic préalable de l’existant et du contexte. Il n’est pas question de faire tabula rasa, bien au contraire. Le contexte influe sur le futur projet. Les usages concernent le bâtiment, mais pas seulement. Il faut y associer les éléments se situant devant, derrière et autour de celui-ci.  Prenons le cas d’un établissement scolaire, en plus de travailler sur la cour, nous allons réfléchir au parvis qui se situe devant celui-ci. De la même façon pour un restaurant, l’espace extérieur va être pris en compte. Ce pourrait être l’occasion d’y installer une terrasse, un parking…

Les usages influent également sur le type de plantation :
– pour indiquer l’inaccessibilité des lieux aux usagers, on privilégiera des massifs plantés ;
– pour créer un lieu convivial, on préférera les pelouses (pour jouer ou pique niquer par exemple) ;
– pour signifier l’accès, on optera pour un mix végétal-minéral (en créant des allées) ;
– pour donner une perspective, on cadrera un élément du paysage pour en faire un tableau (parfait pour des bureaux ou une salle de réunion).

FAVORISER LA BIODIVERSITÉ                                                                                       

Cette volonté, qui devient un credo, a pour objectif de faire entrer la nature en ville. Pas forcément de façon uniforme. Plutôt selon une méthode de gestion différenciée. Là, il pourra s’agir de créer un « poumon vert » permettant d’apporter de l’ombre aux heures les plus chaudes de la journée ; ici, il sera plutôt question de créer une flore diversifiée afin d’offrir un habitat à des espèces animales qui avaient dernièrement fuit les villes. Nous imaginons des nichoirs sur les bâtiments, des toits végétalisés, des ruches… Dans le cas de cette station d’épuration, nous avons même proposé un pâturage de moutons. Et cela fonctionne très bien.

Parallèlement, nous capitalisons sur ce qui existe déjà et en profitons pour l’étendre. Nous créons ainsi des « mini corridor écologiques » en reliant les nouveaux bâtiments aux espaces verts  environnants quand il y en a. Nous cherchons à maximiser l’osmose entre l’existant et les projets sur lesquels nous travaillons.

 

UN MOBILIER URBAIN DURABLE

Avant tout, le mobilier urbain que nous proposons (bancs, locaux vélos, poubelles, tables, chaises…) doit être solide. Il faut qu’il puisse résister à une utilisation intensive comme à des actes de vandalisme. Sans oublier d’être facile d’entretien et pensé en fonction des usages.

Notre matériau favori est le bois ; En excluant les bois exotiques au bilan carbone très élevé et en privilégiant les bois européens. Nous aimons particulièrement les bois qui s’autopatinent avec le temps, comme l’acacia ou le chêne. Nous travaillons aussi avec des matériaux comme l’acier ou l’aluminium. Ils sont moins éco-responsables certes mais ils ont l’avantage d’être résistants, de ne nécessiter aucun entretien et d’être pérenne. C’est le cas de l’acier corten qui prend une belle couleur proche de la rouille pour ne plus bouger ensuite. Même un siècle plus tard !

 

 

UN ÉCLAIRAGE RESPECTUEUX

Nous préconisons systématiquement dans nos projets un éclairage respectueux de l’environnement et réduit à son strict nécessaire. C’est-à-dire qu’il :
– ne fonctionne qu’une partie de la soirée. Sauf là où il est impossible de faire autrement ;
– est orienté vers le bas. Et ce afin de protéger la faune nocturne. Car les chauve-souris, oiseaux, insectes sont fortement perturbés par les éclairages de ciels urbains ;
– est sélectionné sur la base de matériaux à basse consommation d’électricité.

 

UN PAYSAGE QUI ÉVOLUE RAPIDEMENT

Le dérèglement climatique auquel nous devons faire face et qui ne cesse de s’accélérer, nous oblige à penser différemment les sujets d’architecture et de paysage. Aujourd’hui, on constate par exemple que certaines essences que l’on avait l’habitude de planter supportent de moins en moins les amplitudes thermiques. Or à l’avenir, ces dernières seront de plus en plus fréquentes et de plus en plus marquées. Une discussion sur ce sujet avec des écologues et des ingénieurs agronomes a été initiée. Ensemble, nous réfléchissons à comment faire évoluer les gammes végétales.

 

LES FUTURS ENJEUX ÉCO-RESPONSABLES

Aujourd’hui, en mêlant architecture et paysage, nous sommes capables d’intervenir sur les principales problématiques environnementales de l’espace public. Reste le sujet de l’eau et plus spécifiquement celui de sa gestion. Stockage de l’eau, imperméabilisation des sols, gestion des eaux pluviales et des eaux usées… Autant de questions qui, avec le dérèglement climatique sont devenues cruciales et urgentes, et sur lesquelles nous nous penchons activement.

 

 

> La maison du tourisme – Arpajon – ALU et OZévert

Crédits photos :  P. Maurer

> STEP  – ALU et OZévert

Crédits photos :  P. Maurer

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