Lors d’une interview croisée, nous découvrons deux chefs de projet de l’agence ALU ADA, Quentin Voise et Cyril Maréchal, « deux archis mais pas trop », qui partagent leur expérience et leur expertise distinctes.
I – Présentation de deux chefs de projets du cabinet ALU ADA
Claudie : Pouvez-vous commencer par vous présenter ? Quel est votre parcours ?
Quentin Voise : Formé en architecture d’intérieur, j’ai commencé en alternance chez ALU et j’ai ensuite occupé le poste d’assistant de projet avant de devenir chargé de projet en décembre 2016. J’ai connu de belles évolutions dans la boite. Actuellement, mes responsabilités se concentrent sur les réalisations, les suivis de chantiers et la maîtrise d’OPC (Organisation, Pilotage, Coordination), ce qui implique moins de travail en conception.
Cyril Maréchal : Diplômé architecte en 2008, j’ai rejoint l’agence il y a 3 ans en tant que chef de projet et suis maintenant chef d’agence depuis septembre 2022. Je me focalise principalement sur la gestion de projets et l’optimisation des méthodes de travail, tout en continuant de conduire des projets d’architecture, notamment le chantier de 110 logements à Epinay et un second qui démarre à LARDY. À l’avenir, je me concentrerai davantage sur la gestion de projet et la direction d’équipe tout en gardant ma fonction d’architecte au sein de l’agence.
II – Les logements de plus en plus présent chez ALU ADA
Claudie : Quels sont les projets de logements en cours ?
Cyril : Epinay est en phase de gros œuvre. Nous sommes en train de monter le bâtiment.
LARDY, est en appel d’offres. Nous recevons les entreprises. Le chantier devrait commencer début juin.
Quentin : Actuellement, je supervise deux projets de logements en construction : ORMOY, un programme de 44 logements en phase de gros œuvre et Morangis, un autre projet de 48 logements en phase de seconde œuvre.
Claudie : Avez-vous des projets de logements en permanence ?
Quentin : Depuis l’arrivée de Flora (Chef de Projet depuis 5 ans chez ALU), et ensuite de Cyril et leurs expériences respectives dans le logement collectif, notre agence s’est spécialisée davantage dans la conception de ce type de programme, ce qui a considérablement augmenté notre production dans ce domaine.
Cyril : Le secteur privé du logement assure une charge de travail continue, ce qui permet de stabiliser le chiffre d’affaires de l’agence, contrairement au secteur public qui dépend souvent des concours et peut être plus instable en termes de revenus. Néanmoins, la démarche de prospection de nouveaux projets est tout autant liées à la relation de confiance que nous entretenons avec nos maitrises d’ouvrages.
Claudie : Quelles sont les grosses évolutions que l’on peut constater dans le logement ?
Cyril : Les réglementations thermiques et environnementales évoluent constamment, ce qui améliore les performances des bâtiments. Également, suite à la pandémie de Covid-19, la demande est croissante concernant des logements offrant des espaces extérieurs tels que des balcons et terrasses, ainsi que des espaces dédiés au télétravail pour les habitants qui y résident plus longtemps. Les surfaces et la fonctionnalité des espaces évoluent également.
III – Une mixité de logements
Claudie : Est-ce que vous avez des projets qui sont à destination d’un public mixte ?
Quentin : Oui, prenons par exemple Morangis, qui est une opération immobilière comprenant des logements sociaux ainsi que des logements « Loi Pinel ».
Cyril : Nous avons également un projet en phase d’étude qui s’inspire du concept de béguinage, visant à favoriser la mixité intergénérationnelle entre les occupants, tels que des étudiants et des seniors. L’objectif est de promouvoir l’entraide et les services entre les habitants en créant des zones d’échange dans le projet.
Claudie : Comment optimiser la pérennité des bâtiments ?
Quentin : En créant des espaces de vie fiables et authentiques grâce à une approche mixte et une architecture bien pensée, nous améliorons la qualité de vie de nos résidents. Nous incluons des aires de jeux collectives pour les enfants dans les zones de circulation entre les bâtiments, pour leur permettre de jouer en toute sécurité et exprimer leur créativité. De plus, la personnalisation des façades de chaque logement leur confère un caractère unique et identifiable. Ainsi, nous créons un environnement de vie convivial et personnalisé pour nos résidents.
Cyril : La conception de logements nécessite la capacité de s’imaginer y vivre, en créant des espaces facilement adaptables à divers besoins. Peu importe le type de logement, l’objectif est de créer un environnement accueillant et fonctionnel pour ses occupants.
IV – Une évolution des savoirs
Claudie : Comment réinjectez-vous votre expérience dans les projets ?
Cyril : Notre équipe se compose de trois chefs de projet, Quentin, Flora et moi-même, ainsi que d’assistants de projet. Nous impliquons tous les membres de l’agence dans chaque chantier, car leur participation est essentielle pour garantir une continuité fluide entre les phases de conception et de réalisation.
Quentin : La phase de chantier est la révélation du projet. Nous devons comprendre comment les choses se construisent pour pouvoir optimiser la conception.
Claudie : Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Cyril : Les erreurs que nous découvrons sur le chantier peuvent venir d’oublis sur les phases antérieures de nos projets, ou un manque d’information sur nos plans.
Notre but étant de minimiser au maximum le nombre de sujets à gérer en phase travaux, nous faisons remonter les informations auprès de chacun(e)s des chef(fe)s de projets ou assistant(e)s afin d’améliorer sans cesse la conception et l’élaboration de nos projets.
Nous les faisons également participer à certaines réunions pour rendre concret les sujets évoqués.
L’impact pouvant parfois induire des coûts supplémentaires en phase chantier, là où le budget est déjà validé, il est nécessaire de favoriser la transmission des informations au sein de l’agence.
L’acte de construire englobe une multitude de connaissances, et la seule expérience d’une personne ne suffit pas pour appréhender la totalité des situations que nous rencontrons.
Afin de mieux anticiper et limiter les erreurs, nous avons également instauré des check-lists détaillées pour chaque projet.
Quentin : Sur l’un de nos projets, quatre logements de type T4 et T5 sont restés invendus. En cours de chantier, les promoteurs ont décidé de diviser ces logements en huit, créant ainsi de nouvelles problématiques qui ont eu un impact plus large que prévu. Cette modification de dernière minute a nécessité une coordination constante entre la conception et le chantier pour résoudre les problèmes techniques rencontrés.
V – Le moment émotion
Claudie : Quels sont les moments que vous aimez particulièrement ?
Cyril : Le chantier est la phase la plus complexe dans notre métier, car au moindre pépin, il peut en être de notre responsabilité. Nous vivons sous une forme de tension pendant un an et demi, jusqu’à la livraison du projet et la libération que procure la satisfaction de tous à la fin. Nous sommes fiers de faire prévaloir nos choix architecturaux qui, une fois réalisés, répondent aux attentes de chacun.
Quentin : Le moment où nous avons la reconnaissance et les remerciements du client. En terme émotionnel, c’est un relâchement. La réalisation d’un projet, c’est beaucoup de responsabilités et d’investissements.
Claudie : Est-ce que vous repassez sur vos chantiers, une fois habités, pour voir comment on y vit ?
Cyril : Oui, c’est intéressant de voir comment les personnes se l’approprient et comment les bâtiments évoluent. Parfois nous avons de bonnes surprises, quelquefois des mauvaises.
Quentin : Lorsque nous y repensons, nous réalisons que certaines choses auraient pu être faites différemment. Cependant, assister à la vie d’un bâtiment suscite un sentiment de fierté.
Conclusion
La discussion entre ces deux chefs de projets, Quentin VOISE et Cyril MARECHAL, met en évidence l’importance des projets de logements dans leur activité. La mixité des publics, les changements environnementaux et sociaux ainsi que l’évolution des besoins des habitants ont conduit à une approche plus collaborative et à la création d’espaces collectifs de qualité pour renforcer la vie communautaire. Les expériences acquises sur les chantiers passés ont permis d’éviter certaines erreurs et de progresser dans le domaine de la gestion de projets.