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Une interview croisée entre Alu Architectes et ADA : deux archis mais pas trop !

Publié le : 11 avril 2023

Un des éléments les plus marquants de l’année dernière a été incontestablement, la fusion entre les deux cabinets d’architectes : Alu Architectes et Ada. Virginie Larfouilloux (Alu Architectes) et Jean Yves Dorosz (ADA), se livrent sur leur rapprochement dans une interview croisée: deux archis, mais pas trop !

I. Présentation des deux cabinets d’architectes: Alu x ADA
Claudie Croizet: Pouvez-vous commencer par vous présenter ? Quelle est l’histoire de votre rencontre ?

Virginie Larfouilloux : Je travaille avec Alu depuis près de 15 ans, j’ai commencé en tant que stagiaire dessinatrice projeteuse, et ensuite je suis devenue chargée de projet. Je suis associée depuis 3 ans et très récemment j’ai eu le plaisir de rencontrer Jean Yves pour organiser le rapprochement. En effet, le trait d’union entre Alu et Ada je l’assure, à travers le poste de directrice générale: une mission destinée à optimiser cette fusion.

 

Jean-Yves Dorosz : Pour ma part c’est un peu différent, le cabinet Ada a été créé en 1985, j’ai presque honte de le dire, parce que ça fait longtemps (rires) … Après avoir été associé jusqu’en 2008, je suis devenu le seul dirigeant de la SARL lorsque mon confrère a pris sa retraite.
A l’aide de mon équipe, au fil du temps, nous avons construit de nombreux d’équipements publics : des crèches aux crématoriums en passant par des collèges, des lycées, des écoles élémentaires, des gymnases, des équipements de santé et bien plus… A bientôt 70 ans, je me suis dit qu’il fallait trouver un moyen d’assurer la transmission. Par un heureux hasard, lors d’une réunion syndicale des architectes de l’Essonne, j’ai eu l’occasion de croiser Nicolas Letschert, nous avons bavardé et nous nous sommes très bien entendus !

 

Virginie : Nous nous retrouvons dans une réelle complémentarité, entre les agences.
Au-delà des deux logos qui sont très proches, collaborer nous permet de fournir une plus grande diversité d’ouvrages.
De plus, nous étions souvent en concurrence avec ADA sur des concours auxquels on participait, notamment dans le département de l’Essonne.

 

Jean-Yves : Et on gagnait souvent ! (rires)

 

Virginie : Effectivement, souvent, ils gagnaient contre nous avec de beaux projets ! (rires)
Nous connaissons les mêmes chargés d’affaires qui suivent le même type d’opération et lorsqu’on a évoqué ce rapprochement, ils ont tout de suite affirmé que nous ferions une superbe équipe, tant par notre complémentarité que par notre philosophie de travail !

 

Claudie Croizet : Pour résumer cette première partie de l’interview, nous pouvons qualifier cette fusion comme une réelle complémentarité, avec deux agences qui font preuve d’une grande modestie.

 

II. La fusion: comment ça se passe ?

Claudie Croizet : Racontez-nous votre première expérience commune: le concours d’Aubergenville.

 

Virginie : Quasiment au même moment que le rapprochement, nous avons été notifiés pour participer à un concours dans le 78.

 

Jean-Yves : Oui il s’agit d’un gros projet, une reconstruction de collège…

 

Virginie : Symboliquement ça été notre premier projet de mariage. Et tout s’est très bien passé.

 

Jean-Yves : Les deux équipes ont travaillé ensemble tout en utilisant leurs propres méthodes !

 

Virginie : Exactement ! Chacun avec sa sensibilité, sa façon de travailler, nous avons réussi à monter un projet imprégné des qualités de chacun.
Tous les vendredis matin, nous avions des ateliers collaboratifs à travers lesquels il y avait des échanges et des travaux conjoints. Cela nous a permis de faire émerger ce beau dossier.

 

Jean-Yves :  En plus du concours que nous venons de rendre, nous possédons d’autres marchés et opérations, dans le domaine de l’accessibilité par exemple. Nous avons 6 projets pratiquement finalisés et 6 autres dont les travaux démarrent. Ils sont repris par Virginie, notamment pour les chantiers franciliens.
Notre stratégie est d’essayer de mutualiser nos formes de productions pour être plus efficients.
Pour reconstituer notre fusion, nous nous sommes rencontrés début 2022 et avons concrétisé cela fin juin. Autrement dit, nous sommes actuellement en lune de miel ! Alu est donc propriétaire de toute la société mais j’ai conservé des fonctions actives et j’occupe maintenant le poste de président, afin de continuer le suivi.

Claudie Croizet : Donc aujourd’hui, la société s’appelle Alu Ada ?

 

Virginie : Oui, il y a toujours deux sociétés. Chacune a gardé son nom pour consolider notre image de marque. Tout d’abord pour les clients et dans un second temps, pour souligner le fait que nous multiplions nos compétences pour répondre aux appels d’offres. et petit à petit on met en place une stratégie de communication pour tout ce qui est réponse à des appels d’offres. On équilibre, en fonction des références des uns et des autres.

 

Claudie Croizet : Que retenez-vous de ces premières expériences communes ?

 

Virginie : Personnellement ce que j’ai trouvé extrêmement enrichissant, en commençant à travailler avec ADA, c’est qu’ils ont toute une série d’outils, de contrôle et de vérification qui permettent un bon suivi des opérations et de la qualité. La mise en place de ces processus permet d’optimiser l’homogénéité et d’améliorer la façon de superviser les dossiers.

 

Jean-Yves : Cela permet aussi de faciliter la transmission, et d’ailleurs c’était l’idée de départ. On sécurise, on donne un confort de travail, de la confiance, de la fiabilité et la transmission des savoirs.

 

Claudie Croizet : Et vous Jean-Yves , qu’est ce qui vous a plu dans ce rapprochement avec Alu ?

 

Jean-Yves : Pour moi il s’agit surtout de sécuriser, psychologiquement, ma cessation d’activité. J’étais ravi d’assurer la pérennité de ma société et une croissance externe des équipes. En d’autres termes, faire évoluer ce que j’ai pu construire pendant toutes ces années à l’aide de mes collaborateurs.
Pouvoir associer l’expérience et l’innovation d’Alu nous enrichit également.

 

III. L’avenir, une nouvelle génération d’architectes

 

Claudie Croizet : Et bien justement c’était l’objet de la question suivante, qu’est ce que vous voyez pour la suite ?

 

Jean-Yves : Je vais revenir au concours dont on parlait tout à l’heure; les deux agences ne travaillent pas de la même manière, chacun a ses outils. Nous utilisons AUTOCAD etc, souvent lorsque nous n’avons pas les modèles 3D. J’ai été scotché par l’efficacité des outils utilisés par Alu.

 

Virginie : Oui la transition BIM.

 

Jean-Yves : Et l’intérêt pour mes équipes, effectivement, c’est d’ajouter la dimension BIM.
A l’époque je ne dessinais qu’à la main. Utiliser ces nouvelles technologies ouvre de nouvelles perspectives. Une vraie rendu rapide, qui renforce la projection que j’ai, conjuguant innovation, complémentarité et transmission.
La plus grande richesse, c’est le côté collaboratif et l’émulsion de notre travail. Nous entrechoquons des idées différentes ce qui les rend bien plus intéressantes. Tout le monde met son ego de côté et s’investit pleinement… Le résultat fourni est le fruit de l’engagement de chacun.

Claudie Croizet : Ce que l’on ressent de notre côté c’est quelque chose d’assez jubilatoire, que l’expérience de l’un alimente l’autre, 1+1=3.
Nous sentons une alchimie, du respect entre les deux parties et une reconnaissance mutuelle.

 

Claudie Croizet : Quelles sont les valeurs fortes ?

 

Jean-Yves : Pour Ada, la valeur essentielle partagée par l’ensemble des collaborateurs, c’est le travail bien fait. Dans certaines opérations, nous avons perdu de l’argent. Chaque expérience nous a apporté, nous a endurci professionnellement et nous a permis d’obtenir de meilleurs résultats dans les autres projets. Par exemple, on travaille beaucoup avec la Région Ile de France, ils répertorient environ 470 lycées et leur plus grande attente est toujours identique : le travail bien fait.

 

Virginie : Finalement ces valeurs permettent d’assurer aussi le développement commercial.
Une autre valeur que je peux souligner est le travail collaboratif, le respect des uns et des autres. Aussi des valeurs d’usages partagées par les deux cabinets. C’est-à-dire que quand on dessine un projet, quand on conçoit, on a des valeurs où nous allons au-delà de ce qu’on livrera. Cela permet que le bâtiment soit facile a vivre, facile à entretenir et qu’il soit hors de son temps. Anticiper sur l’avenir, c’est permettre que le projet que nous rendons ne soit pas l’image de son époque mais intemporel, avec des matériaux actuels qui permettent d’aller au-delà d’une époque. Une valeur fondamentale que nous partageons, c’est la valeur d’usage : au-delà de la conception du projet, de sa réalisation et de sa livraison.

 

Jean-Yves : Nous sommes tous les deux engagés sur le fait que les bâtiments soient hors du temps. Nous nous devons d’anticiper afin que les projets soient intemporels.

 

Virginie : C’est exactement ça, c’est au cœur de l’expérience et des différents échanges. L’environnement occupe aussi une place centrale dans l’ensemble de nos projets.

 

Claudie Croizet : Votre plus grande fierté ?

 

Virginie : Sans hésiter la fidélité des rendus des projets. Voir le bâtiment conçu avec des matériaux résistants qui assurent une excellente pérennité, et qui est confortable lors de son utilisation et de son entretien.

 

Jean-Yves : Je partage la réponse de Virginie, nous veillons à ce qu’il y ait une cohérence de la promesse tenue. Nous avons appris de chacune des expériences.

 

 

Conclusion

Ces deux regards croisés nous offrent la vision d’une fusion placée sous le signe de l’innovation et de la complémentarité en toute humilité.
Entretien conduit par Claudie Croizet, architecte, directrice de l’agence de communication Mouvement Com.

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